Mon mari

Je pourrais écrire un livre sur mon mari, mais ce n’est pas mon but.

J’ai juste envie de lui rendre hommage en soulignant cette partie de sa vie dont je suis si fière et qui montre à quel point il était généreux, combatif et courageux.

 

*****

 

Pierre-Yves  était éducateur spécialisé et s’occupait de personnes handicapées mentales sévères.

Il avait d’abord été à l’institution de Lavigny en tant que patient.

Lavigny est une double structure aménagée d’une part pour accueillir

des pensionnaires à demeure dans le service « handicap mental » et de l’autre un « hôpital spécialisé pour épileptique ».

 

Chaque jour, Pierre-Yves traînait dans le secteur « handicap mental ».

Soit il demandait à s’occuper d’une personne en chaise roulante et partait en promenade avec elle,

          soit il jouait et arrivait à capter l’attention de l’un ou l’autre des patients.

               Il adorait s’occuper d’elles.

           Il avait un don particulier pour entrer en contact avec elles et comprendre ce dont elles avaient besoin.

 

C’est ainsi que son médecin lui a proposé un poste avec formation d’éducateur spécialisé en cours d’emploi.

Cela a été très dur car il a alors dû gérer son épilepsie, son travail et sa formation.

Pierre-Yves était aussi très bon footballeur.

Il a réussi.

 

Malheureusement, la malchance poursuit certaines personnes.

Sa petite amie de l’époque s’est suicidée et le choc a été trop rude pour lui.

Il a multiplié les crises et n’ayant pas encore notre bon Victor à cette époque,

il a fait une chute qui lui a bousillé son genou déjà fragilisé

par une blessure due à un méchant tacle au football.

Quinze mois d’hôpital et de rééducation.

 

C’est durant cette période que nous nous sommes rencontrés.

Pierre-Yves était en convalescence et moi j’ai été hospitalisée suite à une agression qui a failli me coûter la vie.

J’ai cru pendant plus d’une semaine que Pierre-Yves travaillait là.

 

Il passait  tout son temps à s’occuper des autres patients, en particulier d’une dame âgée qui se remettait d’une attaque cérébrale.

Inlassablement, durant des heures,

il lui mettait une balle dans la main et l’aidait à la serrer, la lancer, la rattraper.

Il lui faisait aussi désigner des cartes avec  des couleurs ou des objets.

Tout ce qui pouvait stimuler son cerveau.

 

Eh bien non, il ne travaillait pas.

Il était juste incapable de voir quelqu’un dans la détresse sans voler à son secours.

Je ne sais pas comment il faisait, mais il savait détecter un besoin uniquement en observant le comportement d’une  personne.

 

Il s’est occupé de moi aussi.

M’a prêté son épaule et je m’y suis réfugiée.

Nous nous sommes mariés très vite et je l’ai suivi à Renens dans le canton Vaud.

 

Il a repris son travail à Lavigny.

Heureux de retrouver ses pensionnaires.

Son horaire était aménagé en fonction de son état de santé

(pas d’horaire nocturne et possibilité de faire une sieste d’une demi-heure),

mais en dehors de cela il faisait le même travail que ses collègues.

Pendant quelques mois tout a été très bien.

 

Puis, Pierre-Yves a dû multiplier les heures supplémentaires et des horaires irréguliers.

Son état de santé s’est considérablement  dégradé  et ses crises d’épilepsie sont devenues beaucoup plus fréquentes

(3 à 4 par semaine).

Or, il lui fallait 3 jours pour récupérer.

 

Pierre-Yves n’a pratiquement pas manqué son travail et,

pour autant que je sache il assurait  aussi bien qu’à l’ordinaire.

Mais ses collègues ont commencé à se plaindre,

prétendant qu’il fallait le remplacer trop souvent.

 

Son chef a dû intervenir.

Il a comparé les absences pour maladie de tous les éducateurs du service et,

au final, il a pu prouver que Pierre-Yves était celui qui totalisait le moins d’absence.

 En réalité c'est lui qui faisait le plus de remplacements.

C’est si facile de s’en prendre à celui qui offre une faiblesse !!!

 

Entre-temps nous avons accueilli Victor.

La vigilance de ce chien adorable

(voir article « le don de Victor » dans "Les aventures ordinaires d’un chien extraordinaire »)

a évité à mon mari bien des blessures et donc de souffrance.

 

Mais le mauvais climat à son travail,

les heures supplémentaires et irrégulières

ont eu raison de  Pierre-Yves et une hospitalisation s’est avérée indispensable.

 

Problème !

Pierre-Yves étant employé à Lavigny, il ne pouvait pas y être hospitalisé.

Il a fallu aller jusqu’à Zürich, à l’autre bout de la Suisse.

 

Fin de la première partie



25/05/2012
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